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“Il vaut mieux conserver une part de liquidités”

Le secteur de biotechnologies, comme toute autre industrie, n'évolue pas "hors champ" isolé du reste du marché boursier. Force est actuellement de constater que les biotechs ne sont pas immunisées puisqu'au contraire il s'agit actuellement d'un des secteurs dont la valorisation est particulièrement remise en cause à la fois pour des motifs spécifiques (tweet de la candidate Démocrate sur le "price-gouging") et dans le cadre d'une montée généralisée de l'aversion au risque. Pour mieux comprendre le mouvement actuel il faut aussi réfléchir à l'échelle des marchés en général. Pour ce faire, nous avons interrogé Thibault Prébay, Directeur Général adjoint de la Financière Arbevel. Cette société de gestion indépendante affiche près de 360 millions d'euros d'encours sous gestion.

BiotechBourse : Le mouvement de baisse qui saisit la quasi-totalité des marchés était-il prévisible ?

Thibault Prebay, DG adjoint de Financière Arbevel : Lorsque le CAC 40 affichait plus de 20 % de hausse sur l’année, on pouvait certes estimer que les indices avaient été trop haut, trop vite. En ce sens, il y a effectivement dans la baisse actuelle une part de respiration qui était plus ou moins inéluctable. Les interrogations récurrentes sur l’économie chinoise jouent aussi un rôle. Mais cette baisse découle aussi de l’accumulation d’éléments exogènes imprévisibles à l’image du scandale Volkswagen ou des craintes sur Glencore. Des éléments ne constituent pas un simple prétexte : l’affaire Volkswagen par exemple c’est vraiment un évènement aux répercussions durables.

Que sont devenues les valeurs refuges ? De façon surprenante, quasiment aucune classe d’actifs ne parvient actuellement à progresser.

Thibault Prebay : En effet, les investisseurs n’arbitrent plus entre actifs à risque ou actifs sûrs (risk-on / risk-off) mais directement entre investir ou rester complètement liquide (cash-on / cash-off). Ce phénomène est très lié à la Réserve fédérale qui en rachetant tout ce qui se présentait a provoqué une recorrélation de l’ensemble des classes d’actifs. Autrement dit le caractère défensif de certains actifs s’est largement évaporé. Nous avons déjà observé cela avant le crash du printemps 2012 : la corrélation entre les actions et les emprunts d’Etat avait alors atteint près de 90 % !

Jusqu’où cette correction peut-elle aller ?

Thibault Prebay : Nous ne remettons pas en cause le scénario d’une croissance à long terme, mais la dynamique actuelle pourrait pousser les indices jusqu’à retester les plus-bas de l’année ; s’agissant du CAC 40 environ 4230 points. Mais nous nous attendons à ce que les fondamentaux et la valeur relative des actions européennes permettent alors de stabiliser le mouvement, avec le soutien des résultats à venir et de la Fed.

Nous n’attendons pas d’excellentes surprises au titre des comptes du troisième trimestre, mais il faut dire que la barre à atteindre n’est pas haute. Après des trimestres de déceptions, les attentes sont mesurées et des résultats simplement corrects de la part des entreprises cotées devraient permettre une accalmie voire une reprise des indices. Or, l’impact de la baisse du coût des matières premières et des devises sera mécaniquement favorable pour les entreprises européennes, à quoi s’ajoute l’effet d’une relative amélioration de l’économie en Europe, où le chômage diminue dans de nombreux pays (la France faisant singulièrement exception).

Aux Etats-Unis la situation s’est renversée puisque le marché appelle désormais de ses vœux une hausse des taux de la Fed. Le relèvement des Fed funds serait en effet perçu comme un signe de confiance quant au fait qu’on puisse sortir du piège des taux zéro et de la déflation.

En revanche pour l’Asie et les pays émergents la situation est plus compliquée –et a fortiori dans l’hypothèse d’une hausse des taux américains- et il sera plus difficile de stabiliser les marchés. Réaction massive des autorités chinoises ? Des banques centrales ? On voit par exemple que l’abaissement opéré ce matin par la banque centrale indienne n’a guère impressionné…

Dans ce contexte, comment allouer ses capitaux ?

Thibault Prebay Sur les Etats-Unis, nous sommes assez positifs à court terme en tablant sur le fait qu’une hausse des taux va survenir et que cela va d’abord plaire au marché. Toutefois, si la première hausse n’est plus une menace, les suivantes seront moins évidentes quand on voit dans les débats les niveaux de taux que certains membres de la Réserve fédérale évoquent pour fin 2017. Je pense qu’il faut d’abord jouer les actions domestiques en se concentrant sur les valeurs fondamentalement solides et en évitant les tickets de tombola. Prudence sur les titres cycliques et soumis des mouvements excessifs qui peuvent être auto-réalisateurs - comme on est en train de le voir sur Glencore par exemple. En résumé, nous sommes enclins à profiter de la forte consolidation pour investir alors que les signaux sur l’économie restent positifs. Cependant, il faudra réévaluer régulièrement le discours de la Fed car aujourd’hui l’évolution des marchés est très liée aux devises et donc aux politiques monétaires. Jusqu’à récemment en effet, les USA étaient quasiment seuls à jouer sur leur devise ; la BCE pré-Draghi ne touchait pas au niveau de l’euro et la plupart des devises émergentes étaient peggées au dollar. Désormais tous les pays essaient de jouer sur leur devise, c’est une question centrale qui « politise » les marchés. Et cela risque de durer, dès lors il faut conserver du cash pour être tranquille et pour réinvestir dans les creux de marché. Il est moins pertinent de détenir des actifs défensifs ou à échéance courte, car leur valorisation ne leur permet plus de jouer les amortisseurs.

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