Pourquoi AstraZeneca mise sur le potentiel d’Innate dans l’immunité innée

Quatre mois ont suffi à Innate Pharma pour reconquérir le record du plus gros deal jamais signé par une société française de biotechnologie ! En convaincant Eli Lilly de r(e)prendre les droits du BioChaperone Lispro pour des milestones allant jusqu’à 570 millions de dollars, Adocia avait en effet ravi à Innate le record que celui-ci détenait depuis juillet 2011 avec son accord avec Bristol-Myers Squibb pour Lilirumab (jusqu’à 430 millions de dollars).

Mais Innate Pharma assoit à nouveau sa position de leader mondial de l’immunité « innée » avec un accord encore plus spectaculaire : AstraZeneca a choisi de s’assurer l’exclusivité des droits mondiaux d’IPH2201, actuellement en phase II dans une forme de cancer épidermoïde et s'apprête à payer pour cela jusqu’à 1,275 milliard de dollars, dont un versement de 250 millions de dollars à la signature !

Si le britannico-suédois est prêt à débourser une telle somme, c’est qu’il est convaincu qu’une approche thérapeutique combinant immunité innée et immunité adaptative (ou acquise) peut faire la différence pour traiter avec succès de multiples cancers. « Nous sommes ravis de collaborer avec Innate Pharma pour amener ce traitement first-in-class potentiel aux patients atteints de cancer, ce qui renforce notre portefeuille large en immuno-oncologie. Nous croyons que les combinaisons en immuno-oncologie ont le potentiel d’être l’une des voies de traitement les plus efficaces pour traiter le cancer. En ciblant à la fois l’immunité innée et acquise, nous avons l’opportunité de proposer un bénéfice clinique important aux patients pour de multiples cancers », a déclaré Pascal Soriot, le PDG d’AstraZeneca.

Mécanisme d'action de l'anticorps anti-NKG2A

Via MedImmune, la branche d’AstraZeneca dédiée aux molécules biologiques, le groupe va ainsi apporter des moyens décisifs pour accélérer et élargir le développement de l’anticorps anti-NKG2A, désigné IPH2201, en particulier en combinaison avec l'anticorps anti-PD-L1 d'AstraZeneca, MEDI4736, aujourd'hui en phase III.

Le plan de développement d’IPH2201 intègre désormais des essais cliniques de Phase II en combinaison avec MEDI4736 dans des tumeurs solides, en plus des multiples essais de Phase II déjà prévus pour tester IPH2201 en monothérapie ou en combinaison avec des traitements tiers, ainsi que le développement de biomarqueurs associés.

Les termes financiers de l’accord comprennent donc des paiements à Innate Pharma pouvant atteindre 1,275 milliard et des redevances à deux chiffres sur les ventes. Le versement initial s’élève à 250 millions de dollars, puis 100 millions supplémentaires avant le lancement de la Phase III, et des paiements d’étapes réglementaires et commerciaux additionnels pouvant atteindre 925 millions. En contrepartie AstraZeneca obtient les droits mondiaux et exclusifs de co-développement et commercialisation d’IPH2201 en combinaison avec MEDI4736 et l’accès à IPH2201 en monothérapie ou dans d’autres combinaisons.

Innate prend par ailleurs soin de conserver les droits de co-promotion à l’échelon européen, avec un partage des profits à 50-50 dans ce territoire. « Cet accord permet à Innate d’élargir et d’accélérer le développement d’IPH2201 tout en conservant notre plan de développement innovant. Il donne à Innate les capacités et les ressources qui permettront à la Société de franchir une étape décisive vers le développement avancé et potentiellement la co-promotion. Ce partenariat avec AstraZeneca et MedImmune, un leader en immuno-oncologie, marque une phase de transformation pour Innate », a souligné Hervé Brailly, président du directoire et co-fondateur d’Innate Pharma.

Rappelons qu’Innate Pharma figure dans le portefeuille modèle de BiotechBourse depuis janvier 2014.

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