Dernières news

Sixième séance de rebond pour Thrombogenics

L’homme d’affaires Philippe Vlerick fait des émules. Depuis l’annonce la semaine dernière de sa montée au capital de Thrombogenics (à 6,4 % des parts, depuis 3,6 % en mai dernier), l’action n’a fait que rebondir. S’adjugeant 28 % mercredi après-midi, l’action accumule 55 % de hausse par rapport au plancher du 8 septembre dernier, qui constituait un nouveau plus bas historique pour cette spin-off de l’UCL spécialisée dans les troubles oculaires, notamment liés au diabète.

Un rebond à mettre en perspective avec la monumentale glissade du titre puisque les actionnaires ont vu s’évanouir pratiquement 94 % de sa valeur depuis janvier 2013…

Introduite en Bourse de Bruxelles en 2006, Thrombogenics a d’abord bien progressé en suivant les divers jalons franchis dans le développement du JETREA (ocriplasmine), une solution thérapeutique permettant de rétablir l’acuité visuelle en cas d’adhésion/traction vitréo-maculaire. Dépôt de la demande de mise sur le marché en mars 2011, cession des droits mondiaux (USA excepté) à la division opthalmo de Novartis, Alcon (ex-Ciba), dès mars 2012, priority review accordée par la FDA en avril 2012, verdict AdCom favorable en juillet 2012, publication de la phase 3 dans le New England Journal of Medecine en août, AMM en octobre, et enfin lancement commercial aux USA en janvier 2013… À cette époque, le cours est monté jusqu’à 47,82 euros, multiplié par plus de 10 par rapport au prix d’introduction de 4,50 euros ! Dans la foulée, la société pesant alors plus de 1,6 milliard d’euros a même intégré l’indice phare BEL20.

Schémas hélas ultra-classique dans la biotechnologie, une fois que JETREA a obtenu son sésame pour la commercialisation, les investisseurs se sont aperçus qu’au-delà de ce cap les eaux étaient beaucoup plus agitées que prévu. Grosso modo, les résultats commerciaux du produit -que Thrombogenics a choisi de commercialiser en direct sur le marché américain- n’ont jamais été à la hauteur des espérances. D’où la glissade vertigineuse de l’action, bien vite retirée du BEL20, et qui affichait encore début septembre presque 94 % de repli sur son sommet de 2013.

Après l’exubérance irrationnelle, la correction est-elle allée trop loin ? Le creux de valorisation était peut être aussi excessif que son pic. Cela semble en tous cas être l’avis du Baron Vlerick, patron d’un groupe familial bâti sur l’industrie textile (qui a donné naissance à un des principaux producteurs de toile denim au monde) et investisseur dans différents domaines d’activité. Le businessman flamand a pris une part au capital en mai dernier, rejoignant au tour de table des investisseurs spécialisés comme Landon Clay et son fils Thomas (à la tête d’East Hill Management, un VC américain spécialisé dans les sciences de la vie) mais également la Norges Bank, le fonds souverain norvégien. Revendiquant aller à contre-courant, le fortuné investisseur a alors déclaré que si le niveau de risque de cet investissement est élevé, le potentiel est à l’avenant.

À la fin du premier semestre, les choses n’ont guère évolué pour Thrombogenics qui reconnaît que le rythme des ventes de JETREA aux US est toujours en-deçà des attentes, amenant l’entreprise à redimensionner son organisation commerciale outre-Atlantique, dans l’objectif d’une structure cash-neutral à horizon 2016 à volume de ventes inchangé.

Toutefois, un matelas de liquidités de 113,3 millions d’euros donne à la société une visibilité d’au moins trois ans sur le financement de ses activités (en comptant également sur les royalties versées par Alcon, qui est en train d’étendre le champ de commercialisation du JETREA notamment en France où l’accord sur le remboursement devrait intervenir prochainement).

Relativement serein de ce côté, Thrombogenics va lancer une étude pour établir l’efficacité du produit dans la rétinopathie diabétique qui constitue potentiellement une plus forte opportunité commerciale, avec 6 millions de patients estimés d’ici la fin de la décennie rien qu’aux USA. Cette phase 2 devrait débuter vers la fin de l’année. Avant la fin 2015 également, Oncurious, spin-off de Thrombogenics axé sur l’oncologie, devrait aussi lancer les premiers tests cliniques pour TB-403 dans le médulloblastome (forme de tumeur du cerveau la plus fréquente chez les patients pédiatriques).

Un scénario qui correspond aux attentes du Baron Vlericke : « J’ai depuis longtemps tiré la conclusion que les ventes aux Etats-Unis n’allaient pas décoller. Je comptais sur le fait que l’entreprise s’en rende compte, vive selon ses moyens et investisse dans le développement d’autres médicaments », a-t-il déclaré au quotidien économique De Tijd.

Recevez l’actualité Biotech par mail

Connexion

Tag Cloud

s2Member®