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EDITO: Dix ans après mon appel pour un Grenelle de la Santé, rien n’a changé. Il est temps d’agir !

En 2011, voyant les choses évoluer défavorablement en France dans le domaine des Biotechnologies, je publiais un Edito pour appeler à un Grenelle de la Santé (texte original: Ce qu'il nous faut c'est un Grenelle de la Santé !). Dix ans après, ce texte fait malheureusement toujours écho...

Aussi, j'ai choisi de republier ci-dessous mot pour mot cet Edito de 2011. Plus que jamais, il faut que les choses évoluent. Avec une politique volontariste qui nous permette d'être compétitifs.

Car dix ans après ma publication, je ne suis pas le seul à penser que nous sommes dans un véritable gâchis, lié avant tout à la Technocratie et au manque de Financements. Alors que notre pays recèle de tant de talents et de projets innovants...

Pendant combien de temps allons-nous pouvoir nous permettre d'être distancés dans la course à l'innovation, qui est devenue mondiale, et dans laquelle nous avons pourtant de véritables atouts qui ne demandent qu'à s'exprimer ? La "startup nation" doit se réveiller !

J'ai commencé cette année à m'engager pour interpeller décideurs, médias et politiques sur une évolution nécessaire de nos dispositifs. Je continuerai à la faire, et je ferai prochainement des propositions concrètes dans plusieurs Tribunes. En attendant, n'hésitez pas à relayer cet Edito... qui n'a malheureusement pas pris une ride.

Extrait complet de mon Edito de 2011 (lien original) :

La France et l'Europe accusent un retard dans les défis du XXI ème siècle. Energies propres, nouvelles technologies de l'information ou encore Santé sont des Thèmes qui devraient soutenu par les pouvoirs publics. Mais il n'en est rien. Bien au contraire. Si bien que nos avantages, déjà très limités, pourraient vite tourner cours.

Les Forces de la France dans les Biotechnologies

La Biotechnologie est l'avenir des Pharmas. C'est dans cette branche qu'il faut mettre le paquet: les médicaments issus de la Biotechnologie représentent déjà la moitié des médicaments autorisés chaque année. La France est bien armée pour jouer un rôle dans ce domaine.

La France dispose de formidables leviers pour rattraper son retard. L’industrie pharmaceutique française est le deuxième secteur en termes d’investissement de R&D. Les Dépenses intérieures de R&D des entreprises par secteur d’activité nous montrent que la Santé draine quelques 3 milliards € d’investissement par an, juste derrière l’Automobile et devant les Télécoms et l’industrie Aéronautique.

Notre pays représente environ 5% des sommes consacrées à la R&D. C’est au-dessus de la moyenne européenne (15 pays) qui est de 4%, mais c'est deux fois moins que des pays comme la Finlande, l’Irlande et la Belgique (source : Bio Polis). Nous sommes derrière l’Allemagne et l’Espagne (à 7%) mais devant l’Angleterre, les Pays-Bas et l’Italie (à 4%). Enfin, la part des chercheurs dans la population active est au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE (soit 8 chercheurs pour 1000 habitants en France contre 7/1000 au sein de l’OCDE et 10/1000 aux Etats-Unis).

Un retard criant de l'Europe dans la recherche Médicale par rapport aux Etats-Unis:

Alors que l'Europe dispose du même nombre de sociétés que les Etats-Unis, l'écart est flagrant :

  • L'industrie US des biotechnologies emploie 2,5 fois plus de personnes que l'Europe,
  • Les Dépense en R & D de l'industrie US des biotechnologies sont 5 fois plus importantes qu'en Europe,
  • L'industrie américaine des biotechnologies lève 7 fois plus de capitaux qu'en Europe,
  • L'industrie US des biotechnologies réalise en moyenne un chiffre d’affaires de 24 millions € avec 65 personnes, une entreprise française génère en moyenne 2 millions € avec 27 salariés,
  • L'industrie US des biotechnologies génère presque 5 fois plus de revenus au total qu'en Europe,
  • L'industrie US des biotechnologies génère un Bénéfice agrégé de 4,9 milliards $ alors que l'Europe génère des Pertes agrégées de 0,45 millions €.

Un manque de soutien Politique qui pénalise la Recherche médicale

Tout le problème est de faire progresser la Recherche médicale avec de véritables moyens, alors que l'Etat est peu disposé à soutenir les PME du secteur voir même de les pénaliser.

Alors que la France fait jeu égal avec les Etats-Unis et le Japon en terme de Dépôt de brevets , l' Aide aux Entreprises et le Niveau d'Education sape tout le travail réalisé. La France n'arrive pas à passer du stade de la recherche fondamentale (découverte) à l'application industrielle. Bien que le développement des "Clusters", organisés par pôles de compétence spécialisés (Bio Valley en Alsace, BioPole à Lyon, Médicen en région parisienne), sont de nature à renforcer la compétitivité des centres de R&D dans la Santé, ces initiatives ne sont pas suivies dans les faits par des plans de financement (Capital Risque et subventions).

Voici un Tableau qui illustre ce constat: le classement des pays les plus en pointe dans la recherche médicale (*)

Le retard de la France en matière d'investissement dans le Capital Risque est criant. Entre 2008 et 2009, les Biotechs françaises ont levé 216 Millions € au total auprès d’investisseurs issus du Capital risque (source : France Biotech) ... contre 5,6 Milliards € aux US (source : PWC). L'effort public de la France dans le soutien des PME est minime: on y consacre seulement 7 $ par an et par habitant. Aux Etats-Unis, ce montant est de 100 $. En Israël, c'est même 200$. Dans ce dernier pays, par exemple, le partenariat public-privé y est extrêmement bien développé: lorsque le privé investit 100 000 $ dans une start-up incubée, 400 000 $ d'aides publiques s'enclenchent derrière.

Les derniers choix politiques pour aider la recherche médicale sont discutables

En France, on a choisi une voie: celle de favoriser un seul acteur, au détriment de la multitude de PME, pour créer un Champion pharmaceutique. Dans les années 90, une initiative politique voulait faire émerger un Géant national, qui a raflé tous les plans d'aides sur son passage: il s’agit de Sanofi-Aventis. A cette époque, il avait été décidé de débloquer un milliard de francs dans des projets de sciences de la vie.

Le seul et unique bénéficiaire? La société Sanofi-Aventis (ex Rhône-Poulenc). Ce projet, baptisé "BioAvenir",  était un non-sens car une seule structure et un seul décideur disposait de tous les pouvoirs. Mais, année après année, la politique française n’a eu de cesse de continuer à favoriser ce Groupe, aux dépends des plus petites structures. Si bien que sur el Long terme, la biotechnologie en a pâti.

Mais le plus dramatique dans nos Choix politiques ces dernières années en matière de soutien à la découverte médicale concerne le désengagement de l'Etat dans son soutien à la Recherche des PME. Dans son projet de loi de Finance 2011, l' Etat avait ainsi décidé de mettre un coup de frein à l'innovation en France en voulant raboter le plan d'aides aux Jeunes Entreprises Innovantes (JEI). 

Le statut JEI institué en 2004 permettait une exonération totale pendant 8 ans de charges patronales sur les salaires de tous les chercheurs, une réduction de l'IS plafonné à 200000 euros, une exonération de l'impôt sur les plus-values réalisées. Ces avantages soutenaient plus de 2000 sociétés en 2010, dont les critères de sélection couvraient des PME de technologie indépendantes de moins de 8 ans ayant des dépenses de R&D d'au moins 15 % de leurs dépenses totales.

Et voilà que le Gouvernement a voulu raboté tous ses avantages! La loi de Finances 2011 a ainsi, tenez-vous bien, plafonné les exonérations de charges à moins de 10 chercheurs par PME avec une diminution linéaire des charges de la 4émé à la 8émé année. Il faut ajouter à cela une modification des frais de fonctionnement du crédit d'impôt recherche, soit une augmentation du coût de la masse salariale de plus de 30 %.

Exemple symptomatique de ce couac budgétaire: la biotech Biophytis qui a dû réduire ses effectifs de moitié fin Octobre, à la suite du rabotage opéré le 1er janvier 2011 sur les avantages fiscaux du dispositif JEI. La société avait déjà eu du mal  à réunir 5 millions d'euros pour sa seconde levée de fonds, malgré ses avancées scientifiques. Et voilà que la deuxième sentence venue des pouvoirs publics la pénalise encore un peu plus. 

Tout cela pour économiser en tout et pour tout au Trésor public… 54 millions d'euros par an. S'il s'agissait de mettre en péril nos centres de R&D et la compétitivité de nos PME innovantes dans le domaine médicale, je pense que le Gouvernement n'aurait pas pu faire autrement. Le but affiché était de faire bénéficier uniquement les toutes petites PME au statut de JEI. En imposant, au passage, de vastes licenciements. Sans parler du message porté vers les entrepreneurs et les investisseurs!

Alors derrière tout cela, l'Etat a choisi récemment d'avoir une Politique volontariste en créant un véhicule d'investissement avec des prises de Participation (via le Fond souverain). A l'heure actuelle, la plus grande réussite semble être Cellectis qui a bénéficié au mois de Septembre 2011 d'un apport de 25 Millions d'euros. Mais je ne vois pas d'autre apport significatif qui ait pu soutenir de manière radicale un large pan de petites structures françaises.

Pendant combien de temps encore la France se permettra-t-elle de manquer les virages technologiques ? Ce qu'il nous faut: c'est un Grenelle de la Santé... avec de vrais moyens, des engagements et une politique budgétaire qui ne change pas tous les 5 ans. Par les temps qui courent, il sera difficile de mettre en oeuvre un plan de soutien digne de ce nom (rigueur budgétaire oblige). Mais il faut déjà au minimum conserver les maigres avantages déjà acquis par nos PME innovantes ! Ce que ne semblent pas avoir intégrés nos Politiques...

Fin de la publication - Lien de mon Edito de 2011

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