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L’expertise d’IntegraGen dans le séquençage des tumeurs mise en avant

Dans un marché parisien qui se reprenait à douter ce mercredi 26 août (en baisse de 1,5 % à la mi-journée pour le CAC 40), l’indice Next Biotech parvenait à progresser à la faveur de la bonne tenue de quelques-unes de ses plus grosses capialisations comme Cellectis, Innate Pharma ou Erytech. Mais la plus forte progression de cet indice sectoriel institué par Euronext revenait à la société d’analyse génomique et de diagnostic moléculaire IntegraGen. Le titre inscrivait aussi la plus forte hausse de tout le compartiment Alternext.

L’engouement inhabituel pour cette small cap, qui n’avait jusqu’à cet été guère fait l’objet d’échanges significatifs, découle de la publication dans la revue Nature Genetics, un des titres scientifiques dits à plus fort impact avec un impact factor chiffré à 29,648 pour 2013 selon le classement de Thomson Reuters, d’un article (Recurrent AAV2-related insertional mutagenesis in human hepatocellular carcinomas) démontrant que l'adénovirus de type 2 (AAV2, jusqu’ici considéré comme non pathogène), jouait en fait un rôle dans le développement d'un type rare du cancer du foie. La démonstration est l’œuvre du Professeur Jessica Zucman-Rossi et ses équipes de l’unité Inserm "Génomique fonctionnelle des tumeurs solides", avec le soutien de l'Institut National du Cancer, et des équipes d'IntegraGen pour le séquençage.

Le séquençage des tumeurs de 193 patients atteints de cancer du foie réalisé par IntegraGen a permis aux chercheurs de découvrir chez onze patients l’insertion d’une partie d’ADN du virus AAV2. La comparaison entre le tissu tumoral et le tissu sain a mis en évidence l’implication du virus en particulier pour des cas sans cause bien identifiée puisque huit des onze patients étudiés ne présentaient pas de cirrhose et six ne présentaient même aucun facteur de risque connu.

À terme cette avancée pourrait conduire à de nouvelles applications diagnostiques, dans le sillage des travaux mondialement réputés du Prof. Zucman-Rossi qui portent principalement sur le rôle des altérations des gènes dans les tumeurs, hépatiques en particulier. Mais pour intéressante que soit cette démonstration scientifique, la contribution qu’a pu y apporter la société demeure toutefois du domaine habituel de ses opérations, et ne change pas matériellement ses perspectives – même si cela constitue selon les termes du communiqué d’IntegraGen une « nouvelle preuve de la qualité de notre expertise et de nos analyses de séquençage, qui représentent un apport essentiel aux travaux menés par des équipes à la pointe de la recherche en oncologie ».

Créée au début des années 2000 au sein du Centre National de Génotypage (CNG), IntegraGen est spécialisée dans le diagnostic moléculaire au travers de deux pôles. D’une part, les services d'analyse génomique (séquençage et génotypage de l'ADN et de l'ARN) et les analyses bio-informatiques et bio-statistiques de ces données, représentant plusieurs centaines de projets menés pour différents acteurs académiques et pharmaceutiques, et d’autre part le développement et la commercialisation de tests dans les domaines de l’autisme (test ARISk) et de l’oncologie.

En Bourse, c’est en 2010 qu’IntegraGen a fait son apparition mais par la petite porte : placement privé d’environ 6,7 millions d’euros et cotation directe sans appel à l’épargne. En 2012, l’entreprise a procédé à un nouveau placement privé, d’environ 2 millions auprès d’A Plus Finance (fonds type FCPI). Ce n’est qu’en juin 2014 qu’IntegraGen est passé du côté des sociétés faisant appel à l’épargne publique avec une augmentation de capital de 4,6 millions d’euros, largement sur-souscrite.

Au plan opérationnel, le chiffre d’affaires a crû de 16,5 % par an en moyenne au cours des cinq dernières années. Mais si le pôle d’analyses est décrit comme rentable (20 % d'EBITDA environ), IntegraGen tarde à atteindre le point mort pour l’ensemble de ses activités, en dépit du lancement commercial en partenariat avec Transgenomics de son premier test aux Etats-Unis : ARISk, le tout premier test génétique pour l'autisme familial.

Ainsi bien qu’en 2011 la direction affirmait en marge de la publication des résultats annuels « son objectif d'atteindre un résultat équilibré en 2013 », objectif reporté ensuite à 2014 (selon les déclarations du PDG à Boursier.com), c’est finalement par une nouvelle perte nette que s’est soldé l’exercice écoulé.

NOTRE AVIS : D’une façon générale, le diagnostic est un marché difficile, pour ne pas dire ingrat. Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet avec une valeur ajoutée dans la lutte contre les maladies souvent mal reconnue et des prix tirés vers le bas. Mais du point de vue de l’investisseur, la prudence s’impose. La hausse du jour d’IntegraGen semble un peu une hausse par défaut face à un manque d’inspiration des marchés déboussolés par ces dernières séances. L’identification du rôle du gène AAV2 est encore bien éloignée d’éventuelles retombées commerciales et la société doit encore gagner en crédibilité au vu des résultats des derniers exercices.

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