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L’approche du referendum britannique secoue les marchés

Bien que minoritaire, la probabilité d'un vote demandant une sortie de l'UE n'a jamais été aussi forte.

Dans la mesure où les paris sont réputés anticiper les scrutins électoraux au moins aussi bien, sinon mieux que les sondages d'opinion, la hausse de la cote du Brexit auprès des bookmakers inquiète les investisseurs. Selon les dernières tendances du "Brexit Barometer" mis à jour mardi par Ladbrokes, les chances de voir les électeurs britanniques se prononcer pour une sortie du Royaume de l'Union européenne montent singulièrement en puissance.

Tandis qu'un nombre accru de parieurs ont placé leur mise, la probabilité implicite d'un vote "Leave" (quitter l'UE) a grimpé de 4 points complets de pourcentage lundi, avant de continuer à augmenter plaçant en cours de journée mardi la cote à 5 contre 4 (probabilité de 43%, au plus haut jamais enregistré pour le moment) alors qu'elle atteignait 2 contre 1 encore en fin de semaine dernière.

Le vote "Remain" (demeurer dans l'UE) reste certes en tête avec une cote de 4 contre 6, ou 57%, mais la confortable avance s'est nettement érodée. Précédemment les bookmakers attribuaient une probabilité allant jusqu'à 81% au Bremain contre 19% au Brexit.

Le volume de paris a grimpé de 150% au cours de la dernière semaine, a précisé Ladbrokes. "Nous commençons à constater de sérieux volumes sur ce pari et un nombre grandissant de parieurs placent leur argent -même à moindre rapport- en faveur d'un Brexit", a expliqué Alex Donohue, un représentant de Ladbrokes.

L'issue de plus en plus incertaine du vote provoque une vive pression sur les marchés financiers. L'EuroStoxx50 accuse 8,85% depuis début juin, encore plus affecté que le FTSE100 britannique (-5%), alors que la cote américaine est quasi stable (S&P500). L'euro se maintient en très légère hausse sur la même période, ayant nettement réduit ses gains initiaux au cours des trois dernières séances (-1,46% depuis jeudi dernier). Quant au secteur biotech européen, il affiche plus de 10% de repli depuis le début du mois.

Devant un évènement par nature totalement poltique, il est toujours difficile de faire des prévisions, explique Christopher Dembik, économiste de Saxo Banque France, filiale française de la banque d’investissement danoise Saxo Bank. "En s'intéressant aux sondages, il est important de voir que les deux camps outre-Manche sont au coude à coude : l'issue du scrutin se jouera donc totalement auprès de la fraction d'électeurs potentiellement absentionnistes, qui représenteraient entre 11 et 17% en fonction de la mobilisation", explique l'analyste interrogé par BiotechBourse.

"Un vote en faveur du maintien dans l'Union européenne reste selon nous le plus probable, mais la panique sur le marché est un phénomène rencontré de façon tout à fait classique lorsqu'une échéance se rapproche. Par ailleurs, même en cas de Brexit, conformément au traité de Lisbonne la Grande-Bretagne et ses anciens partenaires auraient deux ans pour aboutir à nouvel accord. Pendant ce délai, un statu quo par rapport à la situation actuelle s'appliquerait et si les autorités politiques et monétaires parvenaient à éviter une catastrophe, la panique pourrait rester un épiphénomène historique". Quel que soit le résultat, "les institutions européennes ne se retrouveraient absolument pas plongées dès le 24 juin dans une situation apocalyptique", souligne dès lors Christopher Dembik.

S'agissant de l'effondrement des taux d'intérêt en zone euro, l'économiste note que la crainte du Brexit occasionne un afflux de liquidités vers le marché obligataire perçu comme un valeur refuge. "Mais il ne faut pas confondre la lame de fond que constitue la politique de rachat d'actifs de la BCE et un phénomène conjoncturel lié à un possible Brexit", souligne-t-il. "Les taux d'intérêt en Europe sont durablement bas, très en dessous de la moyenne à 10 ans, et ce mouvement va perdurer quelle que soit l’issue du vote des électeurs britanniques. Cependant, si le niveau des taux reflète une mauvaise appréciation du risque et un mauvais pricing, ils ne constituent pas intrinsèquement un problème à l'échelle macro-économique. Cela pénalise beaucoup certains secteurs comme la banque, mais pour l'ensemble de l'économie il n'existe pas de "barrière" des taux zéro : ce phénomène a davantage d'importance au plan médiatique qu'économique".

Dans les circonstances actuelles, les investisseurs confrontés avec le référendum à un risque totalement externe au marché, donc difficilement appréciable, l'attitude la plus sûre reste de se tenir en dehors du marché, juge Christopher Dembik. "Mais il y aura de belles opportunités pour revenir rapidement sur le marché en l'absence de Brexit... et même dans ce derniers cas. On assisterait certainement à une brutale dépréciation des actifs britanniques en cas de vote favorable à une sortie : des investisseurs intrépides pourraient mettre le mouvement à profit pour miser sur un retour à une valeur un peu plus juste de certains actifs, par exemple liés au marché immobilier à Londres", conclut-il.

Voir aussi : le webinaire spécial de Christopher Dembik sur le Brexit

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