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Passé le choc, quel potentiel pour les biotechs ?

indices flamboyantsDébâcle, chute, crash ou Black Monday, au-delà des épithètes qu’on peut y accoler, la journée du lundi 24 août restera comme l’une des pires séances qu’aient connu les investisseurs sur les marchés d’actions. La contagion partie de Chine (-8,5 % pour le Shanghai Composite) a saisi l’ensemble des marchés. Même, et de façon spectaculaire, Wall Street puisqu’au plus bas intraday le vénérable Dow Jones a perdu jusqu’à 1000 points, du jamais-vu, avant de limiter ses pertes à -588,47 points (-3,57 %) en clôture, ce qui reste le pire score depuis quatre ans à la cloche… Le S&P 500 a de son côté cédé 3,94 % et le Nasdaq 3,82 %.

Le segment des biotechs est loin d'avoir fait exception. En effet le Nasdaq Biotechnology Index a subi jusqu’à 11,89 % de pertes en séance (pour -4,78 % « seulement » en clôture), sous-performant très significativement la moyenne du marché. Une rupture par rapport à sa dynamique de long terme. En effet, c’est en grande partie l’engouement pour les entreprises de biotechnologies ces dernières années, et jusqu’au mois dernier, qui avait permis la revalorisation du Nasdaq Composite, permettant à l’indice de dépasser à partir du 23 avril dernier son fameux sommet historique de 2000. Un intervalle de quinze ans pendant lequel le Nasdaq Biotechnology Index lui a presque triplé.

En corolaire, l’indicateur de Momentum (10 jours), un outil technique avancé sur la tendance qui nous semble répondre parfaitement aux spécificités du secteur, s’est dégradé sur le NBI à -12,80 % ce qui ne s’était pas vu depuis août 2011. À l’époque, les craintes de propagation de la crise de la dette en Europe conjuguées aux interrogations sur la solidité de la reprise économique des USA, qui venaient de perdre leur notation AAA auprès de S&P, avaient déjà provoqué une belle panique estivale avec plus de 22 % effacés en moins de deux semaines, un trou d’air qui avait mis six mois à se résorber.

Ceci posé, l’investisseur lambda se pose surtout deux questions : 1) quelle est la gravité de la situation et 2) quelle stratégie adopter sur les biotechs.

Cantonnement de la problématique chinoise

Mardi 25, les déboires du Shanghai Composite se poursuivaient avec un repli presque aussi marqué que la veille à -7,63 %, rétrogradant au plus bas depuis décembre 2014. Pour la cinquième fois depuis novembre, la banque centrale chinoise a diminué ses taux directeurs et allégé encore le ratio de réserves exigé des banques, sans parvenir à rassurer. Il faut dire que dernièrement les initiatives des autorités chinoises ne font qu'empirer les maux des marchés, puisque c’est la dévaluation surprise du yuan (renminbi) début août qui a accéléré leur baisse. Toutefois, l’ensemble des autres marchés mondiaux esquissaient dans le même temps un vif rebond. Cela suggère que les investisseurs prennent le parti de relativiser à la fois le risque d’un hard landing de l’économie chinoise (anticipant que tout sera fait pour l’éviter) et de ses éventuelles conséquences pour les autres pays (la Chine ne représentant qu’une part limitée des exportations des USA et de beaucoup de pays européens, sauf l’Allemagne). D’autant qu’en Occident, des signaux encourageants continuent à se faire jour, par exemple vis-à-vis de l’immobilier en Amérique ou même en France. Bref, le parallèle semble plutôt se faire avec une crise strictement émergente à la 1998 n’affectant pas réellement les marchés développés. C’est du moins ce que pricent les indices.

Dégonflement de la valorisation des biotechs

On peut dire dans l’absolu qu’un retour à des valorisations moins "débordantes" est tout à fait salutaire pour ce qui est des biotechnologies. En effet la crise couvait depuis plusieurs semaines d’après nos observations.

D’un point de vue technique nous avions une première alerte sur les biotechs françaises avec l’atteinte le 22 juillet d’un pic de Momentum laissant présager une baisse imminente ; un retournement qui s'est effectivement produit quelques jours plus tard. Autre signal qui nous amenait à réitérer notre appel à "boucler les ceintures de sécurité", l’indice américain des biotechs avait flanché le 27 juillet de plus de 4 %, situation nettement prédictive de troubles supplémentaires à venir. En effet, il devenait de plus en plus difficile d’échapper à une correction au vu de la cherté des multiples de valorisation (notre article du 30 juillet : on défie les lois de la gravité économique !), surtout en intégrant les nombreuses sociétés à PER négatif...

Allégée de plus de 20 % en quelques jours, la valorisation du secteur apparaît forcément plus raisonnable désormais. Mais nous n’avons pas encore de signal de capitulation sans équivoque permettant d’affirmer qu’un plancher a été solidement établi. Idéalement, il vaut mieux confirmation d'un retournement à la hausse de l’indicateur de Momentum. Nous pensons que les indices en sont encore à la phase du dead cat bounce proverbial (qui veut que même un chat trépassé rebondisse s’il chute d’une hauteur suffisante) et restent en situation de faiblesse.

Avec un horizon de moyen terme, les prochaines séances peuvent donc être mises à profit pour initier de nouvelles positions à meilleur compte, à condition d’opérer avec grand discernement. Une fois que les marchés ont été fortement secoués, il est fréquent que les flux se portent d’abord sur les valeurs considérées comme les plus solides et ayant le moins souffert. Au sein des biotechs, il est donc plus prudent de privilégier :

  • les sociétés les mieux établies (disposant de partenariats tels que Adocia, Innate...)
  • celles présentant des catalyseurs bien identifiés (voir stratégie PRE-CATALYSTE)
  • celles disposant d’un matelas de liquidités de plusieurs trimestres.

À l’inverse, il vaut mieux sous-pondérer les sociétés dont la technologie ou les essais suscitent encore trop de questions et celles qui risquent de devoir se refinancer à court terme.

Comme à chaque phase de doute des marchés, la période actuelle va se traduire par une plus stricte discrimination entre les valeurs de qualité... et les autres.

 

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