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Sacha Pouget : Mes 10 réflexions en Biotech pour 2024

Alors que 2023 vient de se terminer, je me suis penché sur les questions qui devraient orienter le marché Biotech en 2024...

  • 1/ Les "mégas levées" perdureront-elles ?

En 2023, 5 opérations ont permis de lever plus de 50M€ chacune ce qui n'a pas été vu depuis 2020, et 3 opérations de plus de 100M€ ont été annoncées ce qui constitue un record (avec les années 2015 et 2018). Pour 2024, j'anticipe des levées proche de 950M€ pour l'ensemble du secteur. Assisterons-nous à une année plutôt "classique" sur les mégas levées ? Ou bien à une année record comme en 2020 (6 opérations de plus de 50M€) ? Ou alors à une année compliquée comme en 2022, 2018, 2017 et 2015 (3 opérations de plus de 50M€) ?

  • 2/ Un retour des IPOs est-il envisageable ?

Aucune Introduction en bourse (IPO) n'est intervenue en France dans le secteur en 2023, ce qui ne s'était produit que deux fois en 10 ans (en 2019 et en 2020). Historiquement, lors des années d'IPOs, 75M€ sont levés chaque année en moyenne (175M€ en 2015, 104M€ en 2016, 47M€ en 2017, 34M€ en 2018, 72M€ en 2021 et 25M€ en 2023). Après 2 années sans IPOs - la dernière IPO d'une Biotech remonte à Février 2022 et l'entrée en bourse d'Aelis qui avait levé 25M€ - la liste des prétendants devrait être assez longue. Le marché sera-t-il en capacité d'en absorber une partie ?

  • 3/ Aurons-nous une forte "Participation" dans les financements des Biotechs ?

On le sait, dans une industrie du médicament au cycle de développement long et coûteux, les financements sont cruciaux. La Participation est le nombre ou pourcentage de titres qui sont susceptibles de se financer en 2024. En moyenne sur 10 ans, 70% des Biotechs se sont refinancées chaque année. En 2024, assisterons-nous à un scénario classique (70%) ? Ou bien à un scénario de type 2022 et 2023 lorsque respectivement 25 et 24 sociétés s'étaient refinancées soit seulement 64% de l'ensemble des Biotechs ? Ou alors à un fort taux de Participation, comme entre 2019 et 2021 lorsque 80% des Biotechs s'étaient refinancées en moyenne (73% en 2019, 92% en 2020 et 78% en 2021) ?

  • 4/ Quel sera l'appétit des investisseurs institutionnels ?

Les Augmentations de capital représentent en moyenne 55% des montants levés chaque année. Les investisseurs institutionnels étant prépondérants: il sera important d'observer les signaux sur l'intervention des fonds d'investissements spécialisés. Notamment les investisseurs américains, sachant que désormais 10 sociétés Biotechs françaises sont cotées au Nasdaq. Autre interrogation: quel sera le comportement des gérants généralistes, notamment SMID caps ? On sait qu'ils étaient très présents en 2020 et 2021 (63M€ négociés/séance en moyenne) avant de se retirer subitement post-COVID en 2022 (19M€ négociés/séance en moyenne), pour finir en 2023 avec des volumes au plus bas sur 10 ans.

  • 5/ Les Partenariats constitueront-ils un relais de financement ?

En 2022 et 2023, respectivement 240M€ et 306M€ ont été levés sous forme de partenariats avec des industriels soit environ 30% du total des montants levés ce qui représente le double de ce que nous avions observé entre 2019 et 2021 (14%). En 2024, les Biotechs auront-elles la capacité à nouer de nouveaux partenariats structurants (versements d' Upfronts) et d' avancer favorablement sur les accords déjà négociés (versements de Milestones) ?

  • 6/ Le secteur Santé/Biotech surperformera-t-il ?

Le secteur Biotech français a été sous pression ces 3 dernières années (-10% en 2021, -45% en en 2022 et -26% en 2023). En 2023, malgré une belle performance du CAC 40 (+16%), le secteur Santé a terminé en léger repli (-1%). Alors que le secteur Techno a fortement progressé en France (+26%), le secteur Biotech est passé au travers, après une large sousperformance post-COVID.

  • 7/ La fin du Bear market laissera-t-elle la place à un Bull market ?

Il se pourrait aussi que nous assistions à un rebond technique en 2024 qui marquerait la fin du Bear market (initié en Février 2021). Tel que je le soulignais dans les colonnes d'Investir qui a consacré une double page au secteur Biotech le 20 Janvier : « Les bear markets n’ont jamais dépassé trois ans. Les précédents qui ont eu lieu, sur les périodes 2006-2008, 2009-2011 et 2015-2017, ont enregistré des baisses moyennes de 62 % et ont été suivis de bull markets. Sur cette base, on peut théoriquement espérer un rebond ». La fin du Bear market Biotech (-65%) interviendra-t-elle en 2024 pour laisser place à un Bull market (+198% en médiane sur 13 mois en moyenne) ?

  • 8/ Les Biotechs rassureront-elles sur le plan fondamental ?

La spécificité du secteur Biotech vient du fait que la performance boursière est avant tout tirée par des événements liés principalement aux résultats cliniques. Dans un univers international concurrentiel, et avec des investisseurs très sélectifs, le secteur a donc besoin de succès sur le plan fondamental pour prétendre à un intérêt de la part des investisseurs. De nombreuses échéances sont attendues tout au long de l'année pour le secteur, notamment en Late stage. A mon avis, les investisseurs se focaliseront avant tout sur des sociétés qui bénéficient de produits first in class adressant des besoins insatisfaits, en phase de développement avancée (Phase 2 ou Phase 3), une technologie validée (partenariat), et qui arrivent à se différencier. Les annonces sur les résultats cliniques seront-elles au rendez-vous ?

  • 9/ Vers une activité de M&A intense ?

Le secteur Biotech a atteint un record en M&A en 2023, avec 49 sociétés cotées rachetées pour un total de 140 Milliards $. Les grands fabricants de médicaments sont pressurisés, car pas moins de 170 médicaments devraient perdre leur exclusivité d’ici 2030, soit près de 400 milliards de dollars de ventes annuelles à risque pour les Big Pharmas. De plus, les cours attractifs forment une opportunité d'investissement. En ce qui concerne la France, 9 Biotechs cotées en bourse ont été rachetées au cours des 25 dernières années pour un total de 487M€. Avec seulement 2 rachats en 10 ans : Genkyotex par Calliditas en 2020 pour 32M€ (prime de 28%) et de TxCell par Sangamo en 2018 pour 72M€ (prime de 177%). Les investisseurs français n'ont donc pas le souvenir d'un gros rachat, ce qui n'est pas le cas des investisseurs belges, anglais ou suédois par exemple sans même parler des américains. Un gros rachat d'une Biotech tricolore, de plusieurs centaines de Millions de dollars, interviendra-t-il cette année ?

  • 10/ Une nouvelle thématique émergera-t-elle ?

Le secteur Biotech est très sensible aux thématiques d'investissement dans certains domaines très spécifiques. On l'a vu par le passé, de nombreuses thématiques ont permis à certaines Biotechs de profiter d'un engouement. Que ce soit avec les maladies infectieuses (virus Ebola en 2014, Zika en 2016, COVID-19 en 2020, variole du singe en 2022), la NASH, la thérapie Génique, l' immuno-oncologie, l'ARN, CRISPR ou encore les CAR-T. En 2023, les ADC et l'obésité ont été très recherchés par les investisseurs de même que les Neurosciences. Qu'en sera-t-il en 2024, et les sociétés françaises en bénéficieront-elles ?

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